Discipline :   Peinture / Artistes peintres - Accrochage : Figuratif II


*Photos Rino Noviello 

 

Philippe Brosse

Corps à corps

Une petite chaise rouge, impatiente,  semble prête à danser... un vénérable fauteuil parait nous livrer ses secrets les plus intimes... des formes nuageuses, sans doute végétales, s’élèvent, légères, dans l’espace....Sous le pinceau de Philippe Brosse, les choses bougent, se racontent, se révèlent, vivent.

Au cours d’un véritable corps à corps mené par le peintre avec des objets soit -disant  inanimés, ceux-ci finissent par lui montrer leur vraie nature, par lui révéler leur âme. Car, pour Philippe Brosse, les choses ont une âme. Elles possèdent aussi un passé qu’il met au jour, tel un chercheur, en fouillant sur sa toile les différentes couches picturales.  Car, sous la matière accumulée, certaines traces du passé jouent un rôle important en participant à la force expressionniste du tableau. Comme cette œuvre représentant un cheval au galop que Philippe Brosse a recouvert complètement en peignant un thème bien différent : un siège.

Ne vous demandez plus pourquoi cette chaise semble prête à bondir !

Arny Schmit

Dans notre société c’est l’apparence, voire la « façade » qui compte. Une surface lisse qui cache un organisme infecté par des problèmes sociopolitiques. Arny Schmit met en abîme un monde idéalisé par la commercialisation et régi par le matérialisme et exprime son malaise envers une société qui n’ose pas faire face à ses problèmes.
Il s’agit d’une interrogation sur la crédibilité des apparences, la dictature du verbe et sur la légitimité des pouvoirs, Politique, polémique et critique de la société, le style a une parenté lointaine avec le constructivisme d’avant-guerre et le pop art des années sixties. Le ton est familier et en même temps provocant.

Textes, photographies, dessins et vocabulaires décoratifs sont détournés pour les déverser dans un « assemblage » de symboles, de formes et de couleurs. Les éléments de ces mondes constitués de couches picturales et de signes ne sont pas rendus en état d’origine, mais enlevés de leur contexte original, déformés et transformés afin de les opposer ou associer à d’autres éléments

Leur combinaison peut même donner lieu à des interprétations non dénuées d’humour ou d’ironie. C’est une attitude choisie volontairement puisqu’elle permet d’être radical (dans l’art, non dans la vie quotidienne), de faire face à la réalité ou de la creuser, même si derrière peut se cacher de la colère, du désespoir ou de l’agressivité. « Humor ist wenn man trotzdem lacht. »

Tout court, c’est une critique iconoclaste de la société de la consommation !

Arny SCHMIT  

Philibert Delécluse

Philibert Delécluse est un peintre d’histoires. Histoires de cyclistes, de randonneurs, d’hommes d’affaires, de géants. Notre histoire en fait, transposée dans l’imaginaire de la peinture.
 

Joëlle Delhovren

L'ÂME AU CORPS

“Même si Joëlle Delhovren se sert de ses photographies pour élaborer ses toiles, il est évident que son oeuvre dépasse largement la dimension réaliste de celles-ci. Cadrage serré, peinture énergique, parfois violente, couleur réaliste de prime abord, sujet unique:Delhovren a su se créer un style. Se limitant aux portraits, elle y introduit une dimension psychologique qui rappelle la peinture de Lucian Freud. Pourtant, si chez Freud, une certaine dose de méchanceté ou de dégoût s'infiltre dans chaque représentation humaine, l'approche de Delhovren nous paraît davantage relever d'un humanisme sincère et bienveillant. Cela n'empêche aucunement ses toiles de se présenter au spectateur avec une vigueur certaine; l'artiste ne fait pas dans le détail à l'eau de rose et je suppose que certains de ses modèles ont dû ravaler leur salive en découvrant leur portrait. Techniquement, aussi, c'est du beau travail qui nous est présenté: sur la toile de lin cru, la gamme chromatique se limite aux tons chair, blancs et bruns, les portraits présentants sans exception des têtes ou des bustes nus. L'éclairage, quant à lui, est dramatique, voire "caravagiste". Cela nous vaut de beaux effets d'ombres avec, en contrepoint, des tons rouges flamme réfléchis sur des visages dont les traits marqués encadrent un regard qui interroge le spectateur. Les modèles ont souffert et vécu, c'est évident, mais leur vie, au moins, n'aura pas été inintéressante.

  Yves De Vresse - 2007
 

Jacqueline Devreux

Le visage, que ce soit en peinture, en photographie, ou même au cinéma a toujours exercé sur moi une forte fascination.
 

C'est donc naturellement que j'ai commencé mes recherches par des portraits, suivis bientôt d'autoportraits photographiques , où se mélangeaient mises en scènes fictives et éléments réels.

L’élaboration d’un album de famille imaginaire fut l'aboutissement de ce travail. 


Mais la photographie me frustrait terriblement tant au niveau des limites de l'espace que de la matière; j’ai donc commencé a découper, recadrer, redimentionner, surdimensionner  ces visages: le portrait, son essentialité, l'a finalement emporté sur toute mise en scène.


Aujourd’hui, je continue mes recherches photographiques, mais elles me servent uniquement à me passer d’un modèle vivant , ce qui m'offre plus de liberté en m'évitant de soutenir le regard en attente du modèle figé dans sa pose. L'imaginaire est alors totalement libre, me laissant l'espace nécessaire à toutes les audaces, sans limite dans la fantaisie de mes recherches.


C'est L'être, son intériorité, qui m'échappe et que je tente de capter dans ces portraits, au travers des transformations physiques qu’opèrent sur lui la lumière, l’angle de vue, l’espace dans lequel il évolue. L’incapacité de pouvoir vraiment le saisir, de tenter de le figer dans un espace cadré, plane et délimité, exitent mes recherches. C'est dans ce sens que le portrait devient le lieu de ma réflexion sur la peinture elle-même

 

JACQUELINE DEVREUX  
Avril 2008

Edwige Fouvry

Les tableaux d’Edwige se situent entre le réel et l’imaginaire, ils parlent des émotions issues du passé, des souvenirs, de la déformation que ceux-ci subissent avec le temps.

Les peintures sont longuement travaillées, en couches successives, donnant profondeur et subtilité à la matière.

Souvent se dégage une atmosphère particulière où le spectateur fera partie intégrante de l’histoire dévoilée ou chuchotée dans chaque toile.

Edwige travaille également sur de petits formats mélangeant de nombreuses techniques : aquarelle, crayon, vernis, encres, etc…

« Il s'en dégage une impression de grande intériorité, une part de mystère aussi, je pense entre autre à ces visages que l'on voudrait mieux connaître et nous renvoient à nos propres interrogations. C'est une expérience que j'ai vécue avec intensité.

J'aime beaucoup celui représentant  des enfants aux bulles de savon, avec le contraste des couleurs sombres et lumineuses et la légèreté des bulles qui réhausse la gravité des attitudes entièrement consacrées au "jeu" comme soulignant l'éphémère innocence de l'enfance ... Beaucoup de poésie, beaucoup d'émotions contenues. »

Xavier Aubert.  

Amathéü & Ganz

Catherine Amathéü, les yeux au ciel

L’oeuvre que conçoit l’artiste Catherine Amathéü intrigue, que ce soit par sa qualité, son expérience ou sa transversalité disciplinaire. Plasticienne complète, curieuse et déterminée tout à la fois, l’artiste livre au spectateur un travail abouti et pourtant sans cesse renouvelé. Passant avec plaisir et bonheur d’un champ d’expression à l’autre, l’imaginaire d’Amathéü se montre tout autant propice à exploiter ou détourner les moyens qu’offrent la peinture sur papier (pour ses travaux les plus anciens), la peinture sur soie, la broderie, la création d’artefacts en billes de verre, ou de pièces vidéo....

Quelques mots sur Otto Ganz

Otto Ganz aime à dire qu’il est né quelque part aux frontières de l’Allemagne et du Hainaut, aux alentours de 1970, de parents identifiés. Et il ajoute, pour qui en douterait : « Pas encore décédé à ce jour. » De cette existence aux contours fluctuants surgit une exigence : écrire et rendre audible les murmures de nos vies, tapis dans les recoins des visages que nous rencontrons sans les voir....

Olivier Legrain

L’idée est de prendre le réel pour le rendre irréel. Créer un décalage entre le sourire et la douleur tout en restant sur le fil du rasoir émotionnel. Un souci clinique du détail et puis comme une envie de brouiller l’image.

Une sorte de mise au point qui s’effacerait en laissant une sensation dérangeante mais pas totalement inconfortable...

Perrine

Perrine Moreau ou le voyage à fleur de peau

Il arrive qu’un visage vienne à se proposer au métier de l’artiste.
Le travail alors peut s’avérer ingrat.

Mais quand le peintre tombe en émoi devant un être qui le fascine c’est là que l’art du portrait peut s’exprimer au-delà des poncifs qui tradition très ancienne....

Véronique Poppe

Véronique Poppe mélange les signes distinctifs et les fixe pour nous renvoyer à une catégorie humaine pré-supposée.

Elle choisit, alternant le ‘décrire’ et le ‘dépeindre ‘ pour arriver au portrait parlé.  Le but n’étant pas de faire bonne figure.

Elle passe le visage à l’inspection rapprochée pour révéler la phénoménologie de la face, la marque particulière, le detail révélateur de ce qui se voit dans une logique du soupçon pour mettre l’identitaire en péril.

extrait du catalogue Tournai l’Art dans la ville 2008  

Catherine Rios

Exister, c’est être perçu et percevoir (Berkeley)

La matrice de mes images est elle-même une image : une photographie orpheline, survivante, anonyme. Image générique où s’impriment les vestiges d’une présence qui s’expose à la visibilité. Personne, personnes : preuves et épreuves de la précarité d’un faire image dont je poursuis et renouvelle l’énoncé, le tracé. J’en extrais la trame qui fait émerger la figure, figure subsistante qui insiste à faire sens, trace.

Mon travail s’attache à élargir la brèche de ces restes de sens, à creuser le sillon qui permet d’accéder à l’image pour la faire à la fois mienne et vôtre. Une appropriation qui passe par une mise à l’épreuve de l’image générique dans sa matérialité, en la réduisant à son plus simple appareil à la limite de sa disparition : sa trame, sa trace, sa figure résiduelle.

Extraite du contexte d’origine qui lui conférait un sens particulier, l’image résultante, subsistante, matérialise et manifeste le trouble de son déplacement : elle porte l’empreinte des altérations qui l’ont fait revenir (disparaître pour réapparaître) du lointain au plus proche, du singulier au pluriel, de l’insignifiant au sens figuré, figurant.

Les procédés que j’emploie pour éprouver l’image sont semblables à ceux de la mémoire dans sa représentation résiduelle: ils interrogent la figure flottante d’une humanité qui cherche à subsister à travers ses figures. Figures qui toujours nous précèdent, nous survivent, nous regardent, nous questionnent : " exister, c’est être vu "  ? Dans l’attente du regard de l’autre s’ouvrent un espace et un temps suspendus au regard qui guette le petit oiseau qu’on attend toujours et qui devrait surgir de nulle part.

Catherine Rios   

Tomas Scherer

..........Je travail sur le corps, le corps d´humain et sa représentation. Corps physique, bien-sûr, mais aussi corps social, corps matière et spirituel ; des images qui refusent une simple narration mais mettent en questionnement notre humanité dans son existence à la fois lumineuse et misérable. Elles partent de singularités pour s'ouvrir à l'universel, l'individu et le groupe, la foule ; entre rapport social, désirs et mortalité.

"Ce que je cherche c'est simplement d'être témoin de notre propre humanité"

„L´homme est la mesure de toute chose“

Cette phrase habite mes pensées et inspire mes projets. Je traite le thème du monde actuel et de la place de l’homme dans ce monde, face à des situations et des évènements dans lesquels il agit ou subit. Mon travail est pluridisciplinaire (gravure, dessin, collage),afin de restituer la meilleure image possible des situations selon l’angle de vue.

Tomas Scherer   

Johan Van Mullen

Johan Van Mullen dessine des visages depuis la petite enfance. Il a toujours voulu peindre, une activité apparemment inaccessible puisqu’il devint architecte, obéissant à l’attente des siens. Van Mullem a cependant gravé quelques années, avec maestria, en cours du soir notamment une galerie de profils inspirés de fichiers d’anarchistes et, de face, les grimaces de têtes saisies dans le cri ou l’étonnement. Lorsque ses obligations le privèrent de ce plaisir, il tendait vers la picturalité par une exaltation de l’encrage du support, les contrastes forcés au-delà des formes et au détriment des tracés.

Van Mullem conserve ses buvards de fonctionnaire-urbaniste, de grands rectangles verts couverts de graffitis : une expression spontanée, non réfléchie, authentique. Pour accomplir sa vocation, devenir lui-même, il a finalement loué un grand atelier où il se livre au dessin et à la peinture, désormais exclusivement d’imagination.

A part de très petits nus féminins opulents, ce sont toujours des têtes, sur des carrés de carton lisse, blanc, d’un mètre quarante de côté. Certaines sont dessinés au crayon à grands traits nerveux, d’autres peintes, avec ou sans tracé préalable, de couleurs pour l’estampe mouillées au white spirit. Les visages sont moins des représentations (nostalgiques par nature) que des évocations en attente d’avenir ou d’incarnation, des invocations en somme. Van Mullem laisse venir, sans savoir. Il travaille ses peintures à bras le corps, il ne les reprend jamais. Certaines sont effacées par endroit, des détails sont ici éludés, là mis en valeur. Parfois l’ensemble paraît émerger du support comme une apparition.

Ces têtes sont marquées par la vie, l’âge, l’expression forte des sentiments dans lesquels Van Mullem voit la beauté – plutôt que dans la fonction esthétique qui s’accomplit – bien que sa pratique picturale (récente) le voue naturellement à expérimenter la variété des contrastes utiles à creuser l’espace d’une profondeur sensorielle, dont témoignent déjà certains des ses exploits. Il ne s’agit pas pour lui d’optimiser le savoir-faire, dont il se méfie, mais d’induire le lieu de l’émotion, un espace ouvert assez pour qu’il soit longuement fréquenté.

Georges Meurant  

 

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