Nicole
Davy
DESSINS / FUSAIN Comme le disent J. Dubuffet ou P. Klee, l’aventure de l’outil fait l’aventure. Nicole Davy riche des techniques d’empreintes ou de traits, expérimente d’autres moyens de créer les traces de sa recherche, n’omettant pas d’y glisser les éléments iconographies et sémantiques (textes imprimés). Elle crée des carnets, des étapes qui se succèdent ou indépendantes. Je cite « les papiers ça se déchire... » M. Bordet – Maugars
PIERRES / PEINTURE Dans le diptyque présenté, peinture sur toile, les pierres prennent sens dans une relation duelle, réincarnées dans une dimension corporelle. Les bois, fusain sur papier, technique classique revisitée permet à l’artiste d’entrer dans une réalité autre. Ces deux démarches montrent une volonté farouche de l’artiste de libérer l’énergie créatrice offerte au monde pour que d’autres vivent. Les pierres, le bois, ne sont ici que des métaphores pour parler du corps. Maryse Bordet Maugars 6 juillet 07 "PIERRES" Juillet 98 - A l’issu d’un séjour à Trouville, je récolte, seule, une dizaine de pierres, une par jour, sur l’estran. Devant notre parasol, le ciel est gris..... Juillet 99 - Nouveau séjour, un peu plus au nord. Au pied des falaises d’Hennequeville, des pierres. Une seule retient mon attention plus lourde que les précédentes, plus tragique aussi. Je la remonte pour l’observer et la dessiner, au soleil, sur une table improvisée installée devant ‘’la petite maison’’.... 8 mai 2001- Il fait
beau sur Paris. Je conduis P. aux urgences. Nous n’irons pas à T.
cet été. Nicole DAVY ARTISTE en RESIDENCE Ce travail est le résultat d’une commande pour le lieu dans lequel il s’expose. C’est un centre d’arts plastiques situé à proximité de Paris. Il s’inscrit dans le cadre d’une villégiature estivale de deux mois. En tant que peintre plasticienne, j’ai pu investir l’espace intérieur et extérieur, sols, murs, surfaces vitrées dans lesquels se sont inscrit des toiles, des papiers, des mots, des images filmées. Le visiteur était invité à parcourir le lieu, pieds nus, chargé de transmettre au corps, les sensations de rugosité, de douceurs semblables à celles qui sont ressenties dans le maniement des pierres-sujets.
Le quotidien, pris en compte dans ma relation au journal « Le Monde », exemplaires accumulés, archivés, recouverts du BLEU qui fait son entrée dans la peinture. Enfouie dans la page, l’écriture, les misères du monde visibles dans la transparence. Les pages étalées, réunies par des liens, enveloppent le spectateur-acteur dans la chambre d’écriture. Pliées, coupées, assemblées, elles donnent naissance aux livres. Un par quotidien. L’année du journal devient sculpture, ou bloc de trois cent douze livres. Les quotidiens absents sont figurés par les livres-grillages. Plus tard, sur les fins papiers d’Extrême-Orient, peaux marouflées sur toile, brute ou colorée de terre, passe dans la peinture. L’écriture devenue signe illisible ou affirmé, déchiffrable, mots extraits du quotidien. Ecriture aussi, la ligne morcelée. Ecriture encore, celle des corps. Elle s’incarne dans la couleur, dans l’espace à deux dimensions de la toile. Ecriture enfin retrouvée des livres-objets, triptyques déployés dans l’espace frontal ou regroupés dans un coffret. On ne voit plus que la tranche des châssis recouverts de papiers, d’un peu de BLEU, de noir ou de blanc. " LE MONDE EN BLEU " Le travail avec "Le Monde" est né de l'accumulation de ceux-ci, du refus non exprimé de les jeter. Ce premier geste qui me fit les prendre, les peindre avec ce BLEU qui émergeait depuis quelques temps dans la peinture, je ne m'en souviens pas. Le BLEU restera la couleur essentielle passée avec un large pinceau recto verso. Intérêt du recto verso, le panneau peut être vu des deux cotés, il s'inscrit dans l'espace qu'il modifie, Quant aux toiles, leur format est soumis à celui des feuilles du journal, marouflées sur les châssis entoilés . L'ensemble présenté, panneaux, travaux sur papier, toiles, fait partie de l'aventure engagée depuis deux années. Elle se poursuit. Nicole DAVY Nicole Davy et « le Monde » Elle m'attend devant la porte de son immeuble, nous avons rendez-vous pour aller voir le travail de l'année 1995 dans son nouvel atelier, « tout le travail sur le Monde bleu ». Il est au dernier étage d'un bâtiment à usage professionnel, c'est tout neuf en bas et rustique en haut. Nicole Davy m'a parlé en chemin, essayant d'éclaircir pour elle-même le travail sur le journal qu'elle ne veut pas jeter et que son mari achète tous les soirs. Depuis cinq ans,elle s'occupe du " Monde" en le déchirant, en le collant, en le cachant, en le cousant, en le montrant au-delà de sa valeur du jour. Elle le peint en bleu, elle en a fabriqué un paravent et des livres à regarder, ou des livres blancs, mais qui sont quand même bleus, pour que les gens écrivent à la main sur l'écriture imprimée et recouverte. Elle commence à me montrer des pages marouflées sur de la toile, des pages titres du supplément radiotélévision. Parfois elle regarde la télévision, me dit-elle, tout ce qu'elle trouve, elle zappe et elle s'endort. Il y a des carrés d'or sur le bleu, l'or des papier de prière qu'on trouve dans les supermarchés chinois, et des carrés d'argent. Il y a du blanc autour de l'argent et de l'ocre autour de l'or. C'est une suite de six tableaux rectangulaires, il en manque un, le numéro deux, il a été vendu. Elle laisse sa place en disposant les cinq restants. On voit presque chaque fois le titre de la page « Le Monde Radio Télévision », puis un début de dessin qui fond dans le bleu. Au fur et à mesure de notre entrevue les toiles grandissent, il y a du blanc sur le bleu et le bleu sur le noir et blanc, des traits réguliers tracés à la main sur les lettres de l'alphabet du Monde. Parfois elle a passé tellement de couches de bleu et d'orange que c'est de ça qu'on parle. Je l'imagine dans cet atelier avec vue sur une très belle ruine en train de recouvrir le Monde de « sa couleur, le bleu, couleur universelle et anonyme, mais aussi la couleur qui accompagne Nicole Davy, intimement et souvent exclusivement depuis quelques années. Des bandes divisent ou rassemblent les toiles, une verticale les scinde en deux et une horizontale reprend tout par la taille. Nicole désigne les verticales, fines et esquissées dans un trait mouvant; je regarde les grosses bandes horizontales qui les soutiennent. Elle me montre aussi un signe, une sorte de lettre `n' ou d'oiseau battant les ailes vu de loin, j'ai oublié maintenant d'où venait ce signe. Dans un plaisir grandissant elle me parle du temps passé à recouvrir les nouvelles du jour par d'autres signes, faisant apparaître l'oubli de ces nouvelles dans leur propre caractère, secret et à voir. Il y a eu cette année aussi des toiles carrées et des toiles dans le journal, mais toujours dans son vis-à-vis, des silhouettes botticelliennes, trois femmes sans tête sur trois carrés, se massant autour du carré central. Et d'autres travaux avec la peau des pots de peinture, la trace des déchets et du temps qui les a rendus tels. Le soir tombe, j'ai l'édition du «Monde» dans mon sac, je ne l'ai pas encore lu. Sabine MACHER - 1995
PUBLICATIONS NUAGE DE NUIT
Ce livre a été conçu à partir d’un texte offert par l’auteur à l’issue d’une confrontation avec mon travail pictural. Cependant cela n’aurait pas été possible, sans sa correspondance avec ma propre démarche plastique, mettre en relation dans ses dimensions plurielles (écriture dans la peinture, empreintes, dessin ...) avec la multiplicité des techniques de l’estampe ont guidé mes recherches. L’apport de l’écriture en tant que dessin, son introduction dans l’image, dans le déroulement des pages ménagent les respirations nécessaires. Le format, « faux carré » fermé, très allongé ouvert, conduit le regard dans un déplacement horizontal. Nicole Davy
SOUVENEZ-VOUS DE NOUS SOUVENEZ-VOUS DE NOUS, PIERRES poème inédit de François Cheng Gaufrages de Nicole Davy Des pierres, des images, des mots,des souvenirs personnels, des souvenirs de la Chine antique. Tous ces éléments ont donné naissance à un ouvrage.
INSTANTS D'ATELIER
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centre Albert Chanot
"Depuis douze ans, Nicole DAVY s'occupe du Monde, en le déchirant, en le collant, en le cachant, en le cousant, en le montrant au-delà de sa valeur du jour...".
Nuage de nuit.
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