installation / sculpteur

Jean-Claude Saudoyez

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Né à Grandglise, 1er janvier 1944

Vit à Quevaucamps (Mons)

Sculpteur, auteur d'installations, céramiste, dessinateur, peintre

 

Ce corps projeté, le nôtre

Cuirasses, parures de métal, casques heaumes ou faîtières, masques, robes soudées de lamelles de fer ou tressées de bandes de caoutchouc rehaussées de signaux, et bodys plombés composent cette panoplie de formes ambiguës qui appellent des projections corporelles imaginaires. Elles réclament irrésistiblement ce corps de chair qui les investit des tous ses paradoxes. Car ce corps n’est bien sûr pas univoque. Il est le lieu commun, rappelons-le, de nos plaisirs et de nos souffrances, de nos extases et de nos angoisses, de notre puissance et de notre faiblesse. Non comme des états bien distincts, dont on passerait de l’un à l’autre, selon les moments, mais comme les composantes indistinctes d’une seule et même chose, indissociable. L’une révélant l’autre, se répondant mutuellement, contribuant à se renforcer. Et chacun de ces pôles dialectiques s’ouvre lui-même sur une arborescence d’expériences, vécues comme des aventures positives et négatives. Michel Serres n’écrit-il pas: “Comme toute épreuve, la peine présente deux faces, positive et négative: elle torture et conforte, affaiblit et grandit, amoindrit le corps et le savoir jusqu’à les détruire, ennoblit la connaissance et réinvente une santé.”

La projection affective qu’exigent les sculptures de Jean-Claude Saudoyez se nourrit de cette dialectique des perceptions contradictoires. Car ses oeuvres se refusent aux trop grandes évidences des formulations affirmatives, ne tolérant aucune contestation ou objection. Qu’en est-il exactement de ce corps, notre corps, désormais projeté dans ces sculptures ? S’agit-il d’un cocon protecteur, générateur de perceptions agréables, ou, au contraire, d’une cuirasse contraignante, synonyme de douleurs et d’entraves ? Ou les deux à la fois ? Ou plus exactement, chacune de ces typologies perceptives opposées ne peut-elle pas générer des états antagonistes? Ainsi, les formes modelées par Jean-Claude Saudoyez invitent à réfléchir des corps sécurisés et dissimulés, magnifiés et disciplinés, comme si la sauvegarde et l’exaltation passaient par la soumission et la discipline. L’argument de protection du corps se révèle aussi prétexte à son occultation, au refoulement de ses aspirations émancipatrices. La cuirasse protège certes la chair, mais elle occulte mortellement l’éros. A moins que ce corps ne tire plaisir des contraintes que lui imposent ces lourdes armures ?

Les œuvres évoquent-elles des parures destinées à embellir un corps ou à le contraindre à une ordonnance qui lui est extérieure ? Le sculpteur pose alors les questions du tailleur : un vêtement habille un corps ou est-ce le corps qui l’habite ? Sert-il à épouser les formes du corps, à le magnifier en effilant jusqu'à la sublimation ses courbes ? Ou bien est-il destiné à le contraindre à des nouvelles postures, à des mouvements, à un rythme de déplacement qui lui soient totalement étrangers et pour une finalité qui le dépasse ? La conformité  du corps à des modèles extérieurs passe inévitablement par la souffrance et l’épreuve. Mais de cette épreuve, en son déroulement comme en son aboutissement, peuvent aussi jaillir des plaisirs et bonheurs les plus intenses. Comme le jeu avec la mort exacerbe le désir de vie. “La sensation guide la vie, la douleur avertit de la mort. Tout se joue donc  à cette limite : Jusqu’où ne pas aller trop loin ?”5, s’interroge Michel Serres. La question ne se pose pas toutefois ici, car les œuvres, elles, ne connaissent pas de limites. Elles suggèrent sans imposer, stimulent sans contraindre, évoquent sans exiger. Irréductibles à un alignement limité de propositions lexicales, elles génèrent en permanence de nouvelles émotions ; toujours elles imposent à l’esprit qui les ausculte de nouvelles associations. Les sculptures de Jean-Claude Saudoyez savent conserver une terra incognita, un noyau central inexpugnable qui assure la permanence de leur mystère, de leur capacité à émouvoir, à faire désirer. Epuiser l’étendue de leurs possibilités est probablement une tâche qui tient de Sisyphe. Le corps qui les évalue de la main et du regard, la raison qui les analyse, la sensibilité qui s’y éprouve, les mots qui s’alignent etc. s’égarent en détours et circonvolutions, certes agréables mais aussi inépuisables, sans jamais atteindre cette terre inconnue qui toujours leur échappe.

 

 

 

 

catalogue:
"Jean Claude Saudoyez",

 

à commander à l'artiste. 

120 pages, +ou- 200 illustrations couleurs. 

Prix 25 €, port compris.

 

 

 



SCULPTURES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Artiste de La Communauté Française de Belgique

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